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Quelques réflexions au sujet des devoirs de Sciences Po

Voici quelques réflexions que j’ai eu pendant la correction de 3 devoirs, deux questions rapides et un paper à faire à la maison, et que je viens d’envoyer à mes étudiants par mail.

Il s’agit du cours Grands enjeux scientifiques du début du 21e siècle de Jean-Yves Le Déaut et Geneviève Fioraso de l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, que M.Le Déaut menait seul depuis 7 ans environ, un cours qui s’adresse à  80 étudiants de 2ème année. C’est un des cours « Humanité » qu’ils doivent choisir parmi un des 3 cours « scientifique » – les énergies, le cours d’Hervé This (« cours bizarre », m’ont dit les miens) – ou « littéraire » – »colors & culture » (hein ? ), « patrimoine » ou « métaphysique ».

Question 1 : A partir d’un ou deux exemples précis, indiquez votre appréciation sur l’évolution des rapports entre sciences, technologie, et politique en Europe. (15 lignes maximum) (notes obtenues : de 4 à 8 sur 10)

Le lieu commun le plus souvent rencontré a été de dire que les rapports entre sciences et politiques étaient « de plus en plus étroits » ces derniers temps, avec quelques variations dans les termes. La preuve donnée étant l’adoption du principe de précaution…Croisé également que l’influence de la politique est très importante sur la science par la législation « sinon ça serait n’importe quoi » (en gros). Et l’influence inverse ? Et l’usage d’arguments scientifiques ou scientistes dans des contextes politiques ?

J’ai pourtant aussi lu « le désintérêt pour la science caractérise notre époque ». Soyons sérieux, les amis. Essayons d’être précis dans les termes, et ne pas balancer ce qu’on croit être des évidences sans aucun recul ni forme d’analyse.

Évidemment, je préférais voir parler d’une « dépendance réciproque entre science et politique », approche beaucoup plus latourienne, et qui me parait de bon sens : les influences unidirectionnelles, c’est rare, et c’est toujours plus prudent de vérifier les deux directions avant de conclure. Dit par un autre étudiant, ça a donné « la science a besoin de politique (régulation…) et la politique de la science (expertise…) ». Et un autre questionne l’ « apparence » de deux sphères séparées, « jadis ». Recul, réflexivité, questionnement, on avance.

De même, sur le rapport entre la société et certains de ses membres (les chercheurs), c’était intéressant de remarquer qu’on peut parler de deux mouvements opposés : confiance et défiance, et tenter de les analyser.

Les exemples choisis couramment étaient : l’amiante, le sang contaminé, les OGM, les lois de bioéthique, le nucléaire, les nanos, le climat.

Vous avez beaucoup parlé du principe de précaution. J’étais très étonnée de lire dans une copie l’idée que ce serait les chercheurs qui auraient imposé (sic !) ce principe. Ça me parait difficile à illustrer…et difficile à expliquer/comprendre. Une forme d’anachronisme consistait à dire que c’est le principe de précaution qui avait fait de la science une question politique.

Je ne peux que vous encourager à lire le tout petit mais hyper dense et clair ouvrage de Dominique Pestre « Science argent et politique ».

Question 2 : À partir de l’exemple des lois françaises de bioéthique, dites s’il est nécessaire de légiférer en fonction de l’évolution des connaissances. Les lois de bioéthique doivent-elles révisées régulièrement ? (15 lignes maximum) (notes obtenues : de 4 à 9)

J’ai été hyper déçue de ne voir quasiment qu’un seul type de réponse : « Ah bah oui, il faut réviser souvent les lois de bioéthique, pour s’adapter aux progrès biomédicaux qui sont rapides ». Je vous la fais rapide, mais vous voyez ce que je veux dire. Aucun problème, la réponse est oui, et il y a plein d’exemples qui le prouvent, comme la vitrification des ovocytes ou les tests génétiques de dépistage. Mais si on vous pose la question, on peut se dire qu’on peut creuser un peu, non ? Essayer d’aller au-delà de l’évidence ? Regarder derrière, en dessous, au dessus, tourner l’objet dans tous les sens, le secouer un peu. Exercice intellectuel fertile, je pense. Juste pour voir si on tombe sur un truc un peu étonnant, paradoxal, perturbant.

Avant de commencer à lire vos copies, je m’étais posé moi-même la question. Peut-on trouver des contre-arguments à une révision régulière ? Est-ce vraiment justifié de dire que ces lois doivent être révisées régulièrement pour rester en accord avec la société…mais pas les autres lois qui règlent les relations entre les personnes, les entreprises et les États ? Rien ne bouge jamais dans tous ces domaines-là ? Come on ! Et ces révisions régulières suffisent-elle à garantir l’adéquation avec la société ?

Heureusement quelques étudiants sont allés au-delà de cette apparente évidence, ont nuancé, ajouté, discuté.

Oui, il faut réviser régulièrement, mais…

-… le rythme actuel de ces lois pourtant moquées de « biodégradables » n’est pas suffisant par rapport à la vitesse de mise à disposition des avancées scientifiques

-… pour une autre bonne raison de faire des révisions régulières (autre que les progrès prodigieux du domaine biomédical, donc) : c’est une façon de maintenir actif le débat sur ces sujets.

Et puis réviser régulièrement n’est pas suffisant, voire contre-productif :

– vu la non-ampleur de la révision de 2011 (« a minima »), ce n’était finalement pas tellement nécessaire, mais plutôt symbolique, ce ne sont pas les progrès scientifiques qui déterminent les révisions

– les révisions régulières ne constituent pas une garantie d’adéquation avec la société. Comment savoir ce que l’opinion publique souhaite ? Comment ne pas être trop influencé par les groupes de pression et lobbies ?

– pire, ça peut être source d’incertitude et d’inconfort, perdre en lisibilité pour les chercheurs et pour le public général.

Mais alors que faire ?

Un/e étudiant/e a conclu sur le fait que l’enjeu était de faire un compromis entre la protection des personnes et la recherche (qui in fine sert aux personnes).

Ces étudiants ont sans doute réussi à s’étonner du sujet, et ne pas foncer la tête la première dans la réponse qui leur parait évidente. Une bonne façon d’aborder les études et la vie, je dirais.

Dernier point qui me chagrine : j’ai lu dans une copie « S’il n’y avait pas de lois, les chercheurs n’auraient aucune contrainte, aucune limite, aucun interdit, ce qui pourrait être néfaste pour l’homme ». Vous ne pensez pas tous ça, rassurez-moi ?

Le paper : La globalisation des processus d’innovation et la mondialisation des développements technologiques contribuent-ils à réduire ou à accroître les écarts économiques et sociaux dans le monde ? Vous traiterez ce sujet selon le plan qui vous paraît le plus judicieux en vous appuyant sur des exemples précis. Le mémoire ne doit pas dépasser 15 pages dactylographiées. Il doit notamment la définition de l’innovation, les principaux champs thématiques d’application, les effets et conséquences du progrès scientifique et technologique, les freins à l’innovation, les modes de gouvernance et le recours à l’expertise, la différence de perception au niveau international des questions relatives aux risques et à la précaution.

Notes obtenues : de 15 à 27 sur 30.

Concernant les papers, je ne ferai pas trop de remarques ici sur le fond. En gros, il ne fallait pas, selon moi, oublier de traiter certains aspects du sujet (je suis d’accord, le sujet était hyper large…). Ont le plus souvent été oubliées les questions de perception des risques et d’expertise…ainsi que parfois la définition même de l’innovation.

C’était bien aussi de ne pas parler uniquement d’économie, mais penser au développement social.

Également, ne pas oublier de traiter les inégalités entre les pays et celles au sein même des pays.

Le plan le plus simple et donc le plus courant a été de traiter d’un côté en quoi les innovations technologiques étaient facteurs d’inégalités, et d’un autre, en quoi ces mêmes innovations pouvaient participer à combattre les inégalités. Mais quelques plans plus originaux se sont fait remarquer. Je n’ai pas attribué de grande importance aux plans, ce n’est pas un cours de méthodo. J’étais surprise et contente de voir que le célèbre plan en deux parties n’était finalement pas une crispation chez les étudiants.

Dans la forme, je tiens à vous faire quelques remarques, car après tout, je ne sais pas si on vous enseigne tout ça (j’ai demandé sur twitter, j’ai eu des avis divergents…). Je ne vais signaler ici que les erreurs que j’ai vues le plus couramment.

Tout d’abord, le format des devoirs. Sur 38 devoir reçus, il y avait seulement 17 documents en format PDF, 20 devoirs sous des formats Word (5 .doc et 15 .docx), et 1 devoir en 2 versions : .pdf et .docx (#principedeprécaution). Le problème d’envoyer un fichier Word n’est pas seulement de faire l’hypothèse que j’ai acheté (ou piraté, pas mieux) ce logiciel propriétaire pour le lire (on est d’accord qu’en pratique, ce pari est peu risqué), mais il ne s’agit pas que de ça. Toujours préférer les formats ouverts et libres. Les raisons sont . Lire aussi mon ami Bastien Guerry icipour élever un peu le débat.

Un truc de base : on ne met pas de point à la fin d’un titre. Que vous utilisiez des phrases avec un verbe conjugué dans vos titres ou pas, essayez de vous y tenir pour l’ensemble du devoir, dans un souci de cohérence et parce que c’est plus agréable à lire. Évitez les titres trop alambiqués (et d’une manière générale, les phrases trop alambiquées).

Les références de bas de page ne sont pas indispensables mais très pratiques et très bien vues. Donc apprenez à vous en servir sans plus tarder. Les notes de bas de page ne dispensent pas de bibliographie en fin de devoir. Toutes les références citées dans le texte doivent être précisées (auteur, titre de l’ouvrage ou de l’article, date, etc.). Je vous conseille à cet usage d’utiliser Zotero, outil libre et facile de gestion et partage de bibliographie.

Il manquait parfois des phrases/paragraphes de transition ainsi que des phrases de conclusions provisoires : n’ayez pas peur d’être lourd, ça facilite amplement la lecture et permet de suivre votre raisonnement.

Numéroter les pages de son devoir, c’est bien pratique aussi.

Le texte de vos devoirs doit être justifié et non pas aligné à gauche (je n’ai pas vu d’alignement à droite, dieu merci). Ne me demandez pas pourquoi, c’est comme ça.

Toutes les figures insérées dans votre devoir doivent être numérotées, avoir un titre, une source et si possible une petite légende. Je suis très favorable à l’usage de tableau/cartes/schémas dans les devoirs, mais il ne suffit pas de les insérer, il faut y faire référence dans le texte, l’exploiter, sinon, ça ne sert qu’à faire joli et remplir de l’espace.

D’une façon générale, tout ce que vous affirmez doit être argumenté et sourcé. Les sources ne sont pas que les livres et les articles, vous avez pu citer d’autres cours que vous avez eu, et c’était très bien.

J’ai valorisé les exemples nombreux, précis, pertinents et bien exploités (savoir en tirer quelque chose de plus général). À vous lire, on dirait qu’on vous apprend à Sciences Po à soigner l’incipit, et c’est assez agréable à lire. De même, vous avez souvent fait un effort d’ouverture dans la conclusion, et c’est très bien.

Pour en savoir plus et pour bien écrire, il y a beaucoup de ressources sur internet, voici quelques suggestions :

Sur la typo :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Typographie

http://www.typographie.images-en-france.fr/

http://www.guide-typographie.com/index.htm

http://jacques-andre.fr/faqtypo/lessons.pdf

Sur les sources et notes de bas de page (c’est un sujet compliqué, mais commencez simple) :

http://www.unige.ch/biblio/ses/pop_ressources_itineraire_citations.html

Ma vie de chercheuse

Antoine Trouvetout vient de mettre la main sur cette interview de moi.

 

Dont voici le texte intégral ici :

Quel métier exercez-vous ?

Je suis chercheuse.

Que faites-vous  au cours d’une journée?

Je suis devant mon ordinateur presque toute la journée, pour interroger des bases de données, faire des calculs, des représentations graphiques. Je participe à des réunions sur de nouveaux projets, à des discussions, je corrige des projets, des manuscrits. Je donne ou j’écoute des conférences, j’effectue des présentations devant l’équipe. Je lis de la bibliographie, j’en discute avec les autres membres de l’équipe. Je rédige des manuscrits. J’organise des congrès ou des écoles pour les chercheurs. Je lis la presse, aussi. Sans compter les pauses avec les collègues !

Pourquoi avez-vous choisi ce métier ? Cela correspondait-il à vos centres d’intérêt ?

Je souhaitais chercher, me poser des questions, ne pas me satisfaire de réponses toutes faites. J’avais envie de travailler en équipe, de faire avancer les questions sur la santé des humains. Je voulais être la référence dans un domaine (je n’y suis pas du tout encore ;-).

Qu’aimez-vous particulièrement dans votre métier ?

J’apprécie de travailler en équipe, de me poser des questions, d’approfondir, d’argumenter. J’aime essayer de résoudre des problèmes, me demander comment. Pour cela je vais voir comment ont fait les autres, je fais des analogies et vois si elles m’aident à avancer.

Quelle harmonie avec votre vie personnelle ? Vos loisirs, hobbies.

Mes horaires sont lourds mais plutôt libres.

Quelle formation avez-vous suivi pour y parvenir?

J’ai été en classe préparatoire, puis à la fac. J’ai fait une thèse.

Quels conseils donneriez-vous à des étudiants?

J’en ai beaucoup, il m’est difficile de les résumer ici :

-Ne pas hésiter à prendre des sentiers parallèles (ou perpendiculaires).

-Ne pas se laisser autoriser ou interdire des choix, ne pas se laisser impressionner.

-Se faire confiance (c’est très dur, mais c’est un organe qui se muscle comme beaucoup d’autres).

-Aller discuter avec des gens qui font des métiers qui pourraient vous intéresser, traîner auprès d’eux, les interviewer, les observer.

-Faire le maximum de stages, non pas pour être admis dans une formation ou une filière, mais pour choisir ce qui vous plait et rencontrer des gens différents qui ont des approches différentes (du même métier).

-Essayer, dans la mesure du possible, de faire des choix qui ferment le moins de portes.

-Se rappeler que tout est toujours possible, même si on vous dit le contraire.

-Chercher, jusqu’à les trouver, des gens avec qui vous avez envie de travailler.

-Essayer rapidement de monter sa propre équipe pour choisir les gens avec qui vous avez envie de travailler (et être libre de beaucoup de choix…mais en ayant beaucoup de responsabilités).

Dernière modification : 10/06/2008

 

Deux ans après, j’assume tout (encore heureux), malgré la naïveté du ton. Antoine voit dans le dernier point (un peu à part dans la liste où il se trouve) une annonce prémonitoire. J’aurais tendance à le suivre (comme je l’ai suivi dans l’aventure Deuxieme labo).

 

Mais j’adorerais avoir vos commentaire. Comme toujours.

 

Notamment sur ma « méthode scientifique » à base d’analogies et de recontres, pas forcément super orthodoxe. Et je dis ça le lendemain de la projection de l’extraordinnaire film de Mathias Théry La vie après la mort d’Henrietta Lacks (comment ça je fais toujours arriver à ça ?) à des lycéens et du débat qui a suivi sur le rôle (décrié) de l’analogie (chère à Manuel Théry tel qu’on le voit dans ce film)…À suivre !

 

p.s. cette interview a été réalisée pendant ma 2e vie de chercheuse, en santé publique à l’Institut Pasteur (mai 2007-novembre 2008). La première étant à l’INRA sur la génétique de la Tremblante. Et la 3e à partir de janvier prochain au sein de RITME avec Nathalie Jas et Didier Torny. Can’t wait !

Questions (et réponses) sur la grippe A et le vaccin

J’ai pas réussi à trouver le sujet de la pandémie (éventuelle) de grippe porcine/mexicaine/A intéressant jusqu’ici, mais là, ça y’est, ça commence à chauffer, à controverser et à se taper dessus, alors je veux comprendre. Comprendre les différentes positions, leurs arguments et motivations.

Voilà les questions que je me pose (ça va me permettre de chercher la littérature/web de façon efficace : je vais essayer de répondre à ces questions) :

Sur la grippe et le risque de pandémie :

  1. Pourquoi pense-t-on que cette grippe (porcine/A/mexicaine-mais-faut-pas-le-dire–il-parait-que-ça-vexe-les-mexicains) pourrait être la prochaine pandémie ? Parce qu’il a des caractéristiques communes avec les précédentes souches responsables des pandémies ? Parce qu’il est très contagieux ? Parce qu’il est plus virulent (mortel) ? (c’est en général l’un ou l’autre, plus ou moins, car plus c’est virulent, plus ça perd sa chance de se transmettre, je vous dirai pourquoi…si ça vous interesse)
  2. Pourquoi l’appelle-t-on grippe porcine ? toutes les grippes n’ont-elles pas un jour ou l’autre une origine aviaire ?
  3. Quelle différence entre la grippe A et les grippes saisonnières qu’on a tous les hivers ? Mis à part le fait que les cas ont commencé plus tôt (la grippe hivernale, c’est d’octobre à mars, je vais mettre les courbes avec les nombres de cas) ? Y-a-til moyen de distinguer les symptomes ?

À propos du vaccin contre la grippe A :

  1. Pourquoi a-t-on fait tout un pataquès autour de ce vaccin ces derniers mois ? Sera-t-il prêt à temps, y en aura-t-il assez, etc ?
  2. Pourquoi entend-on ici et là que le vaccin a été préparé dans la précipitation et donc manquerait de sécurité ? Tous les ans, le vaccin de la grippe (saisonnière) est préparé à la fin d’une course contre la montre, après une pêche aux souches dans l’hémisphère Sud, le plus tard étant le mieux (les dernières souches apparaissant ont plus de chances de circuler l’hiver suivant dans le Nord), mais en prenant en compte un délai incompressible pour la fabrication. Tous les ans, le vaccin est le résultat d’un pari sur les souches qui vont débarquer dans le Nord (après avoir évolué dans le Sud). Un vaccin est-il également produit pour les (plus rares et moins riches) habitants du Sud ? Depuis quelle année prépare-t-on annuellement un vaccin de cette façon ? Retrouver les passionants topos de Silvie Van Der Werff sur le sujet. Et se rappeller un peu ce processus passionnant, digne d’un roman à suspense.
  3. Quels excipients et adjuvants met-on habituellement dans les vaccins anti-grippe, et pourquoi ? Sont-il de nature différentes des autres vaccins, ou est-ce que ça dépend toujours des vaccins (il n’y a pas de règle) ? Ont-il déjà été testés par ailleurs (je ne vois pas comment on peut savoir s’ils fonctionnent si ces molécules ne sont pas utilisées par ailleurs) ? Se rappeller de l’adjuvant critiqué également dans 1 des 2 vaccins contre les HPV (critiqué, mais assurant meilleure réponse immunitaire, d’ailleurs c’est le but de tout adjuvant).

Maintenant, j’attends vos questions. Je lance l’enquête à partir de mercredi prochain, et autant qu’elle réponde à tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur cette fichue grippe sans trouver une réponse claire nulle part.

Scoop de Miroslav Radman : « voir toutes les mutations qui apparaissent »

C’etait pendant la soutenance de thèse de Francesca Merlin le 8 juin dernier, soutenance dont je voulais longuement parler, mais voilà, le tps passe, et les sujets attendent….

En résumé, elle a fait une brillantissime soutenance (ppt bientôt ici si elle est ok), le jury était dur tout en étant très élogieux. C’etait super interessant et inscructif, mais j’ai pas tout compris…

Miroslav Radman, membre du jury (examinateur) a fait une intervention assez folklorique, qui a mis mal à l’aise et bien fait rigoler les philosophes des sciences (et scientifiques comme moi ?) présents dans la salle.

Mais (vu le titre du billet, et comme je veux (enfin!) twitter ce scoop avant qu’il ne soit publié plus sérieusement), je ne vais pas détailler tout de suite les différentes énormités qu’il nous a servies (mais si vous insistez, promis je mets mes notes au propre, car ça vaut le détour–sauf si plus rien ne vous étonne de MR ?)

Voilà le scoop tel qu’il l’a annoncé (et tel que j’ai pris mes notes, et tel que j’en ai bavardé au pot avec Michel Morange, perplexe comme moi) (mais il rappellait que « dans cette équipe, ils sont très astucieux »):

« J’ai le plaisir de vous annoncer qu’on a une méthode  fluorescente pour voir chaque nouvelle mutation. On peut donc les compter, qu’elles soient retenues (par la selection naturelle, ndlr) ou pas. Cela sera publié dans 2-3 mois »

Michel Morange m’a dit que M. Radman avait parlé de la découverte (espérons-le en termes plus scientifiques et rigoureux) à un congrès (?) à Vancouver (dont MR racontait qu’il revenait exprès pour la soutenance, justement).

Mes questions:

  • Dans quel bêbête on se place ? Coli ou un phage ? ou ?
  • De quelles mutations parle-t-on ? les mutations ponctuelles ?
  • Pourquoi ça parait si difficile de voir TOUTES les mutations ? Pour plein de raisons. Déjà 1 mutation (ponctuelle), c’est au niveau d’une molécule, donc comment « voir » ça ? il faut amplifier l’adn muté et/ou amplifier le signal fluorescent. D’autre part, comment distinguer, biochimiquement, au moment où se fait la mutation, entre le brin muté et le brin d’origine ? Puisqu’il faut qu’on ait un signal quand on a mutation (ie pas de signal avant ni à côté)…Ceci dit, voir toutes les mutations, ne veut pas dire les voir au moment même où elles aparaissent.

Amis biologistes molécularistes (moi ça fait trop longtemps), j’attends vos idées :
1/ Comment feriez-vous ?
2/ Pourquoi n’a-ton jamais réussi jusqu’à aujourdhui, où se trouvent/aient les verrous techniques ?

Mon papier est sorti ! PLoS Medicine: Significant Reduction of Antibiotic Use in the Community after a Nationwide Campaign in France, 2002–2007

capture écran antibiotiques PLoS Med

PLoS Medicine: Significant Reduction of Antibiotic Use in the Community after a Nationwide Campaign in France, 2002–2007

Repris également sur le site de l’Institut Pasteur*

capture ecran IP sur papier antibios

(vous remarquerez le rafinement des bandeaux d’appels aux dons, et leur diversité, mais on en discutera, peut-être, ailleurs, un autre jour)(peut-être est-ce déjà fait, d’ailleurs)

et, beaucoup moins visible, mais présent aussi sur le site de l’INSERM:

capture inserm comm presse antibios

Mais que font les journalistes ? rien vu dans Le Monde**, Libé** ni…

Heureusement que Le Figaro est là !!

capture ecran figaro papier antibiotiques

(*) Un peu réducteur et très peu sexy comme titre, non ? comment évaluer un programme, hm, bon, ok, mais ce qui compte, ici, ce n’est pas la méthodologie générale (qu’on ne prétend pas donner) mais les (bons) résultats obtenus dans une campagne bien précise et étudiée par une méthodologie rigoureuse et adaptée.

(**) Pas croisé lors de ma lecture quotidienne ni par leur moteur de recherche avec les mots « antibiotique » et « programme »

P.S. Est-ce que la rumeur qui traine chez certains scientifiques comme quoi les pages scientifiques du Figaro sont mieux que celles du Monde, ou celle comme quoi ils ont « mieux » (plus objectifs ? plus bienveillants?) couvert le mouvement des Universités seraient-elles fondées ? Ou est-ce que je commence à devenir de droite ? Je dois sérieusement commencer à récolter les indices qui vont dans ce sens avant qu’il ne soit trop tard voir nouvelle rubrique « comment je suis devenue de droite ».